Le fantasme fasciste d'un Hitler végétarien


Le fantasme fasciste d'un Hitler végétarien

Hitler n'a jamais été végétarien. Et les nazis n'ont jamais eu de politique de respect des animaux. Mais ils l'ont fait croire. Et ce mythe perdure jusqu'à aujourd'hui.

Pourquoi les nazis ont-ils mis en avant qu'ils défendaient les animaux? Pour la même raison qu'ils se prétendaient "socialistes". Afin de tromper les gens, de leur faire croire qu'ils étaient des "révolutionnaires" au service de la "communauté".

On trouve ainsi un discours à la radio de Goering, le boucher, le 28 août 1933, où il attaque la vivisection et parle de la compassion des "aryens" pour les animaux depuis toujours, etc. Ce discours radiodiffusé suit une loi interdisant la vivisection en Prusse.

Interdisant? Absolument pas. En fait cette loi contenait tout un dispositif permettant de la contourner. La vivisection ne s'est jamais arrêté en Allemagne nazie. Le journal médical britannique The Lancet a d'ailleurs constaté que cette loi interdisant soi disant la vivisection n'était pas très différente d'une vieille loi anglaise de 1875.

Qui plus est, une loi de 1931, datant d'avant la prise du pouvoir par les nazis, n'a jamais été abrogée. Elle précise que les tests sur les humains ne sont autorisés que si des tests sur des animaux ont été effectué au préalable. Ainsi les demandes officielles de tests se justifient par le manque de résultats provenant des tests sur les animaux, comme dans le premier cas officiel effectué par le docteur Sigmund Rascher pour du "matériel humain" à Himmler le 15 mai 1941 suite à des expériences infructueuses sur les singes.



Toutes les recherches prouvent que les tests sur les nazis faits sur les humains sont dans la continuité des tests sur les animaux; à Buchenwald et Auschwitz les tests étaient menés simultanément. Eugene Kogon traite d'ailleurs le sujet dans ces oeuvres, et explique que les programmes de stérilisation des nazis provenaient de tests sur les animaux.

L'Etat nazi n'a ainsi jamais interdit la vivisection. Ses campagnes en faveur soi disant des animaux ne visait qu'à se donner une image rassurante à la population, dont la classe ouvrière possèdait de grandes traditions progressistes malgré l'écrasement par les nazis de toutes ses organisations. Qu'en est-il de Hitler lui-même?

Hitler n'a jamais été un végétarien. Il n'a jamais choisi le végétarisme de manière éthique. Il a pratiqué une certaine forme de végétarisme en tant que diète à certains moments, en raison de problèmes de santé, à l'estomac. Malgré quelques propos qu'on lui attribue (notamment la comparaison d'un jambon à un cadavre) à certains moments, sa pratique n'a jamais été végétarienne. Le biographe de Hitler Robert Payne affirme clairement que le végétarisme de Hitler était une pure fiction, destinée à faire de lui un mythe, un ascète.

On peut également parler de Dione Lucas, une femme très connue aux USA dans les années 50-60 pour être la première à populariser la "cuisine", notamment par la suite à la télévision. Chef de cuisine dans les années d'avant-guerre d'un hotel de Hambourg, elle a eu Hitler comme client avant la seconde guerre mondiale. Celui-ci n'était pas végétarien.

Mais il y aussi d'autres témoignages de gens comme Albert Speer, ami de Hitler et architecte, qui devait détruire Berlin et bâtir Germania, la nouvelle capitale du Reich. De toutes manières, même à l'époque les informations concernant le prétendu végétarisme de Hitler consistait en un vague n'importe quoi. Un article du 30 mai 1937 du New York Times parle d'un Hitler végétarien appréciant à l'occasion le jambon et rendant sa diète plus facile avec une quantité importante de caviar...



Pourquoi cette image d'un Hitler ascètique et "végétarien fanatique" perdure-t-elle jusqu'à aujourdhui? Pourquoi le film allemand "La chute" qui tente de démystifier Hitler en fait pourtant quand même un végétarien? La vérité c'est que la fixation hystérique sur un Hitler fanatiquement végétarien est totalement idéologique. Elle fait partie du mythe du "totalitarisme" que l'on tente de mettre dans les crânes des gens pour qu'ils restent individualistes, libres mais sans responsabilités collectives aucunes, et en définitive insensibles à autre chose que leur petit moi replié sur lui-même.

A cela s'ajoute l'aspect religieux: en faisant du nazisme un mal incompréhensible et bestial, c'est-à-dire animal au sens religieux du terme, on renforce les points de vue religieux et on échappe à une analyse matérialiste conséquente du nazisme.

Hitler n'était pas végétarien et le fascisme n'est pas un mal absolu mais le produit d'une société capitaliste refusant toute conception révolutionnaire.